Accueil. Zangsa : le cultivateur chamane

7 Les Villages des Eaux

La Belle des Glaces !
Il voulait la voir.
Il a grimpé sans relâche.
Il l’a vue, toute nue.
Hélas !
Glace il est devenu.

Zou-Sha

*

— « Altesse, votre rouge à lèvres ! »

Séliel, qui se retenait depuis un bon moment, éclata de rire en voyant Jeyl retirer des doigts rougis par son maquillage. Il — Elle ? — avait la mauvaise habitude de se frotter le menton quand il lisait un livre. Liuk, habillé en servante avec un beau ruban bleu autour de la taille, essaya d’arranger le désastre et, au passage, foudroya du regard l’homme du désert.

— « Si tu rouvres une de tes blessures, je te préviens, je ne te soigne plus. »

— « Il est jaloux », fit Jeyl. « Avec sa carrure, il peut difficilement se faire passer pour une femme. Quoique… Ça mériterait un essai, tu ne crois pas, Liuk ? »

Séliel s’étrangla avec sa salive, toussa et grogna en s’asseyant sur son lit :

— « Essayez et je vous embroche. »

— « Tu n’es plus si blessé que ça, alors », se moqua Jeyl.

— « Humpf. Ah, ben, c’est vrai. J’ai tant ri que les blessures sont déjà presque parties. »

Il enleva en premier le bandage de son bras droit puis ceux qui entouraient son torse. Les quatre poursuivants de Jeyl n’avaient pas été faciles à abattre. C’étaient, sans nul doute, des assassins entraînés. Si Séliel n’avait pas eu la chance d’en tuer deux par surprise, il ne s’en serait probablement pas sorti. Et puis, si Jeyl et Liuk l’avaient laissé là, à se vider de son sang, et étaient partis sans lui, il serait mort aussi. Cela faisait un mois qu’il gardait le lit et recevait tantôt les attentions de Jeyl tantôt celles de Liuk. À présent que la douleur était presque partie, il pouvait enfin s’en donner à cœur joie et se payer la tête de ces deux nantis en fuite déguisés en dames. Une question, pourtant, lui brûlait les lèvres.

— « Tu es guéri depuis longtemps, en fait ! », s’indignait Liuk.

— « Cette voix grave, Liuk », lui rappela Jeyl, les yeux tournés vers son livre.

— « Pardon, Altesse. »

— « C’est Dame Sara. »

Liuk soupira, l’air déprimé.

— « Dame Sara », répéta-t-il, comme s’il lui en coûtait.

Les lèvres de Séliel s’étirèrent en un autre sourire moqueur qui se pétrifia quand Jeyl sourit à son tour. Et breink, sa beauté n’avait rien à envier à celle de Naharaya. À cette pensée, Séliel secoua la tête vigoureusement. Le coup sur le crâne que lui avait donné l’un des assassins lui avait-il ramolli le cerveau ? Il se leva et enfila les vêtements que Liuk lui avait achetés l’autre jour, sur un marché de la ville : un ample pantalon gris, une tunique blanche et un long pardessus bleu clair brodé de croissants de lune. Ils étaient bien trop élégants pour qu’il se sente à l’aise avec, mais qu’y faire : les autres, tailladés et ensanglantés, avaient depuis longtemps été jetés. Il chaussa ses vieilles sandales, ajusta ses couteaux et sa dague et prit la bourse avec les vingt pièces d’or. Il estima le coût du guérisseur et des habits et en enleva cinq qu’il posa sur la table.

— « Alors, bonne continuation », fit-il, leur tournant le dos.

— « Cinquante. »

Il tendait déjà la main vers la poignée de la porte, mais il s’arrêta net.

— « Pièces d’or ? » Il jeta vers Jeyl un regard de faucon par-dessus son épaule puis se détourna avec une grimace. « Avec tout cet argent, pourquoi ne pas embaucher une escorte professionnelle ? Ch’suis brigand, moi. Enfin, j’étais. »

— « Pour la simple raison que je n’ai pas ces cinquante pièces d’or ici. »

— « Ha », se moqua Séliel. « De l’argent futur ? N’importe qui t’enverrait bouler. »

Il était tiraillé par l’envie de partir et l’envie de poser cette question qui lui brûlait la langue.

— « Par curiosité, combien me paierait le bâtard qui essaie de te tuer si je lui disais où tu étais ? »

Ce n’était pas ça qu’il voulait demander. Liuk répondit :

— « Probablement plus. Mais il ne te laisserait pas vivre pour en profiter. »

— « Ha. Ça donne pas vraiment envie de toucher à son argent, alors. » Sa main prit la poignée ; il marqua une pause, puis lança enfin : « Dites, avant que je parte, qu’est-ce qui vous a pris, dans les collines, de me traîner avec vous ? »

Tous deux, dans leurs beaux habits, le regardèrent sans comprendre. Pourquoi vous m’avez sauvé au lieu de vous barrer, bande d’idiots ? Il grogna.

— « Tant pis, qu’importe. »

Et il partit.

* * *

Les rues principales de la Cité du Blé étaient si bondées que Liuk laissa échapper un soupir de soulagement quand ils commencèrent à gravir les marches vers les Villages des Eaux, au pied du Croc de Glace qui se dressait puis se courbait, tel une gigantesque vague glacée, au milieu des Plaines. Après le brouhaha de la ville, le silence était le bienvenu. Les escaliers en pierre bordés de bambous étaient bien entretenus et sans neige.

Son Altesse respirait par à-coups et transpirait. Il n’avait même pas besoin de maquillage blanchissant tellement sa peau était pâle. Liuk rebroussa chemin pour le soutenir.

— « Alt… Dame Sara, il y a une taverne, juste un peu plus loin. Reposons-nous-y un moment et mangeons. »

Prince Rajeyl se redressa et posa une main sur la tête de Liuk, le prenant par surprise.

— « Désolé, Liuk. Je peux me reposer toute une lune, mais je ne serais pas moins fatigué. »

Liuk le regarda puis détourna les yeux vers le sol et ses poings se serrèrent. Son cœur tressauta, saisi d’un sentiment d’injustice.

— « J’aimerais tellement… tous les envoyer en enfer. »

Les yeux du Prince Rajeyl s’écarquillèrent un instant. Puis il sourit.

— « Assurément, ils y seraient plus à leur aise. Mais », ajouta-t-il en posant un pied sur la marche suivante, « j’aimerais tellement plus qu’on nous laisse vivre en paix. Les souhaits, malheureusement, ne sont pas toujours aussi simples. Mais, sais-tu, cela faisait longtemps que je ne passais pas un mois aussi agréable. Des journées passées sans visites cérémonieuses, sans hypocrisies, à lire et à regarder la plèbe défiler depuis ma fenêtre. Il faut croire que la vie de femme du peuple me réussit. »

Liuk roula les yeux et se demanda si Son Altesse avait une idée claire de ce qu’était une vraie femme du peuple — non pas que lui en sache beaucoup plus sur la question, mais n’importe qui un peu observateur aurait deviné que cette belle dame au port princier était, à tout le moins, de bonne famille.

Et cela n’était, malheureusement, pas une bonne chose, comme ils purent le constater presque aussitôt. Deux hommes armés surgirent d’entre la forêt de bambous et leur barrèrent la route en ricanant. Trois autres sortirent des fourrés par-derrière, leur coupant toute échappatoire. Son Altesse s’arrêta sagement. Liuk ravala sa salive, appréhensif. Si c’était des assassins…

— « Mes chères dames », dit l’un des bandits de devant. « Où allez-vous comme ça ? Ne connaissez-vous donc pas la règle, par ici ? »

Il sourit en montrant quelques dents en or puis leur tendit une espèce de petit temple en miniature bellement orné, assorti de crochets.

— « Une petite contribution pour le temple du Dragon Noir. »

Liuk soupira, soulagé. S’ils étaient là pour les dévaliser, ce n’étaient pas des assassins envoyés par le Premier Prince. Il jeta un coup d’œil vers le haut, vers le bas. Personne. Bon. Il fallait espérer que les choses n’en viendraient pas au sang. Sans même demander conseil au prince, il sortit la bourse et l’accrocha au petit temple.

— « C’est tout ce que nous avons. »

— « Ho, ho, ho ! Regardez les gars ! Trois pièces d’or ! La belle pêche ! » Il fit un pas de côté et, persévérant dans sa grossière comédie, il esquissa un geste de la main en disant : « Passez, passez, gentes dames. Le Dragon Noir se portera mieux grâce à vous. »

* * *

Les dames étaient parties depuis un moment et, tapis dans les fourrés, les Dragons Noirs regardaient joyeusement les pièces d’or, quand ils virent une ombre rapide passer par l’escalier.

— « C’tait quoi, chef ? »

— « Laisse tomber : c’était un mendiant. »

— « Ah. Et çui-là, là-bas ? Qu’est-ce que t’en dis ? »

Habits propres et neufs, belle veste bleu clair, des cheveux noirs en bataille… Il avait dans la vingtaine et mâchouillait la tige d’une plante, nonchalant. Ses yeux le transpercèrent tout à coup, malgré la distance et les bambous qui les séparaient. Des yeux d’un bleu acier. Le chef se racla la gorge et murmura tout bas :

— « Mon instinct me dit… pas touche. »

— « Ah, ben, alors, mieux vaut pas. On rentre pour aujourd’hui ? »

— « Ouais, rentrons et trinquons à la santé des belles dames, les gars ! »

— « Tu veux dire, la belle dame. L’autre était moche, chef. »

— « Tu trouves ? Je l’ai trouvée plutôt mignonne, moi. »

— « C’est vrai que tes goûts sont particuliers… »

— « T’as dit quoi ? »

— « Non, rien, chef. »

Le chef avait, en tout cas, l’instinct bien éveillé et, grâce à lui, les Dragons Noirs vécurent pour vivre un autre jour.

* * *

Assis à une table, à l’extérieur de la taverne où ils s’étaient arrêtés pour se reposer, Liuk dévisageait Séliel, installé en face de lui. Ses nouveaux habits lui enlevaient un peu de son air sauvage naturel, mais il suffisait de le voir un peu pour comprendre que cet homme n’avait aucunes manières. Et pourtant, il leur avait sauvé la vie par deux fois, sur les Collines des Décharnés. Pour comble, en les apercevant au bord de la Cité du Blé, il avait décidé de monter aussi les escaliers, pour voir… et au passage les informer qu’un garçon à l’allure de mendiant les suivait. Ses actions auraient pu paraître celles d’un ange gardien, si seulement cet homme avait eu une once de bon sens. De fait, à la question de Liuk :

— « Tu n’étais pas parti pour ne pas revenir ? »

Il avait répondu :

— « C’est fou comme tout est cher, au nord. J’ai plus un sou. »

Quinze pièces d’or. C’était plus du double du salaire mensuel d’un officier de la Garde Impériale et, en trois jours, ce sauvage l’avait dépensé ?

— « On t’a vendu des bibelots pour touristes à prix d’or ? »

— « Huh ? Tu me prends pour un idiot ? Non. J’ai acheté une dague, une carte de la ville et de la viande de chameau. »

De la viande de chameau ? Liuk se frappa le front d’une main. Mais quel idiot… Son Altesse gloussa comme une concubine.

— « De la viande de chameau ! C’est presque étonnant que tu en aies trouvé. Tu es allé dans un restaurant de luxe ? »

— « Pas que je sache. Ça oui, la viande était super épicée. »

— « Ils t’ont roulé », dit Liuk.

— « Ouais, c’est ce que je me suis dit, après. Mais, quand j’ai voulu y retourner, étrangement, je n’ai pas réussi. Vos cités du nord sont trop… » Il agita sa paume en la tenant toute droite sans trouver le mot. « Tout se ressemble. Du coup, j’ai acheté la carte de la ville, pour retrouver le restaurant, mais la carte était truquée. Regardez. Ces maudits bandits. Si j’avais su, j’aurais pris la viande de chameau sans payer. »

Liuk avait mal aux oreilles de l’entendre enchaîner des absurdités. D’abord, ce n’était pas de la viande de chameau qu’il avait mangée mais une autre viande que les vendeurs avaient surépicée. Deuxièmement, sa carte était parfaitement en règle et compréhensible — pourquoi disait-il qu’elle était truquée ? Et troisièmement…

— « Pourquoi ces taches de sang, sur tes manches ? »

Le sauvage avait levé les bras pour les croiser derrière sa tête, nonchalant.

— « Mm ? Ah, ça. J’ai participé à un concours pour avoir buffet libre. C’était assez chouette. »

Un concours de coups de poing pour manger gratuit ? Mais quelle était cette sauvagerie ? Cet idiot cherchait-il à rouvrir ses plaies tout juste refermées ? Liuk ne voulait plus rien entendre. Il se leva.

— « Dame Sara. Continuons. »

— « J’allais te le proposer », fit Son Altesse, amusée.

Alors qu’ils continuaient à gravir les longues volées d’escaliers des Villages des Eaux, le sauvage du désert les suivit. Face au regard exaspéré de Liuk, il se contenta de dire :

— « J’ai changé d’avis. »

Personne ne fit de commentaire. Ils marchèrent longtemps, gravissant des escaliers, traversant des forêts de bambous à peine enneigées et des ponts en bois au-dessus de rivières à l’eau froide et cristalline. Seulement cinq ou six heures après, quand ils atteignirent le dernier Village des Eaux et s’installèrent à une auberge pour y dormir, l’idiot demanda :

— « Vous comptez aller où, au juste ? »

— « Pourquoi voudrais-tu le savoir ? Tu ne sais pas où tu vas même avec une carte, de toute façon », se moqua Liuk. Il ne put s’en empêcher.

— « Hein ? Tu me cherches ? »

Liuk se raidit, le cœur battant, sous son regard meurtrier… Puis Séliel détourna les yeux vers le ruban bleu et les habits de femme et il fit claquer sa langue, comme contrarié. Assise sur son matelas, Son Altesse leva une main apaisante.

— « Nous allons au Croc de Glace. Plus exactement, à la Secte des Glaces. »

Séliel haussa les sourcils.

— « La Secte des Glaces ? C’est pas une des Neuf Grandes Sectes du Murim, ça ? »

Il avait entendu parler du Murim ? Liuk en était presque étonné. Non pas que ce soit un secret : le Murim désignait le monde des cultivateurs de ki. Sauf que le mot, qui signifiait originellement « univers de la compréhension » en soxaril, n’était plus correctement utilisé par la plupart des gens du peuple, pour la simple raison que les autorités se chargeaient de cacher ce monde autant que possible. Et, pour cacher une perle, dit-on, il n’y a rien de mieux que de la mélanger à de la pierraille : ainsi, beaucoup fourraient dans le même sac les artistes martiaux, les hors-la-loi, les parias et les ascètes, et ils n’avaient guère de problème de conscience pour ajouter au tas ces cultivateurs de ki qui étaient pour certains de sages Immortels et pour d’autres de simples ermites détraqués.

— « Bon », fit Séliel sans attendre la réponse. « Et l’espion qui vous suit ? On en fait quoi ? »

Son Altesse s’allongea en disant :

— « S’il avait l’air d’un mendiant, il y a de grandes chances pour qu’il ne travaille pas pour le compte de ceux qui veulent me tuer. »

Liuk ouvrit grand les yeux.

— « Vous voulez dire que c’est un membre de la Secte des Mendiants ? »

Il s’agissait d’une autre Grande Secte du Murim. D’après un vieux livre interdit que Son Altesse gardait au Palais du Couchant, elle avait été fondée quatre siècles auparavant par Mougoum, un ascète de la Grande Secte des Deux-Pôles, afin de prôner le « rien-avoir » et stimuler la générosité chez les gens. Seulement, au passage, leurs membres rassemblaient aussi des informations sur tous les événements auxquels ils assistaient, y compris ceux qui concernaient les autorités. Il était rare que les Mendiants collaborent avec celles-ci et ils s’impliquaient encore moins dans les conflits internes de la famille impériale qui, en somme, n’était plus, à la face du monde, qu’une relique traditionnelle du passé. Et pourtant, un Mendiant les épiait. Séliel n’avait sûrement pas menti sur ce qu’il avait vu.

Liuk fit une moue.

— « Il n’empêche que, si les Mendiants savent qui vous êtes, les autres ne devraient pas tarder à le savoir aussi. »

— « Inquiétons-nous davantage de la route qui nous attend demain », répliqua Son Altesse en fermant les yeux. « Si nous survivons aux bêtes spirituelles de la forêt, on devra grimper l’un des pics les plus escarpés du monde, et le pire vient après ça, si nous sommes encore en vie : les belles et intouchables Lancières de Glace. »

Séliel haussa les épaules et s’allongea à son tour, les mains derrière la tête, en disant :

— « Bon, tant qu’on me paye, je fais mon boulot. Bonne nuit, les dames. »

Il s’endormit presque aussitôt. Ce sauvage… Pourquoi tenait-il tant à ce qu’on le paye, si c’était pour tout perdre en une journée ? Liuk plia soigneusement son ruban bleu puis s’allongea entre les deux avant de souffler la bougie.

— « Bonne nuit, Altesse. »

— « Bonne nuit, Liuk. »

— « … Altesse. »

— « Oui ? »

Liuk voulait lui demander ce qu’il comptait faire si la Secte des Glaces ne leur donnait pas asile…

— « Vous n’avez pas froid ? »

— « Mm. Tu n’as pas remarqué les vols d’oiseaux, ce matin ? Le printemps approche et le temps clément avec. J’attends avec l’impatience du lézard les rayons de soleil du printemps. Oh, j’aimerais tant les revoir au moins une fois de plus. »

Malgré l’obscurité, Liuk comprit qu’il souriait. Son cœur se serra et ses yeux s’embuèrent de larmes. La seule pensée de perdre son maître l’emplissait d’horreur. Pourtant, il savait bien que Son Altesse ne venait que de réciter les vers d’une autre pièce de théâtre — une tragédie, encore une fois, qui se terminait avec la mort du berger protagoniste entre les bras de sa bien-aimée, aux premières lueurs du jour et sous le tourbillon des blancs pétales d’un cerisier.

Liuk alla placer une autre couverture sur Son Altesse avant de repartir :

Une fois et dix mille fois
Sous la branche du cerisier,
À l’aube, vous vous promènerez.

Ce à quoi le prince répondit :

Un seul mot, un seul regard
De mon frère bien-aimé
Rend la joie de continuer.
Et pour tous ces souvenirs
Et notre précieux passé,
Du fond du cœur, mon ami,
Vraiment je te remercie.

Sa main serra celle de Liuk un bref instant.

À présent, il est fort tard.
Doux rêves et bonne nuit.

Liuk resta longtemps éveillé. À vrai dire, c’est à peine s’il ferma l’œil tellement les vers de Son Altesse l’avaient troublé. Au petit matin, il croyait encore sentir la froide main du Prince Rajeyl serrer la sienne, avec cette douceur tragique bien à lui qui tantôt l’ébranlait, tantôt l’agaçait.