Accueil. Zangsa : le cultivateur chamane
Je chantonnais doucement tout en avançant entre les arbres. C’était une chanson que ma mère me chantait souvent quand j’étais enfant.
« Mon beau renard, mon beau renard,
Donne-moi ta patte,
Je te ferai voir
Les champs de la vie
De l’aurore au soir
De l’aube à minuit.
Donne-moi ta patte,
Le chemin lui dit,
J’emmènerai ton âme
Jusqu’au paradis. »
« Non merci, non merci ! »
Le renard lui répondit.
Et léger, à travers champs,
Sans regret, il est parti,
Ses pattes traçant sur terre
Le chemin qu’il a choisi.
Je me tus. On entendait le gazouillis des oiseaux dans les hautes branches. Une douce brise faisait osciller les jonquilles qui poussaient au bord du sentier boisé. Le bon temps printanier nous avait permis de couvrir une bonne distance depuis le village où j’avais trouvé Irami en train de noyer son passé dans l’alcool. Nous nous dirigions à présent vers Shinbi, la Cité de l’Aube, toujours dans la Province Grise au sud des Montagnes Perdues. D’ailleurs, nous ne tardâmes pas à l’apercevoir.
Je m’arrêtai à la lisière de la forêt et contemplai la ville lointaine au milieu des plaines. Des tours et de grands édifices en forme de pagode se dressaient entre les maisons. Plus près, en contrebas, au pied de la colline où nous étions, se trouvait un petit village. Tandis que nous descendions la pente, je repérai un enfant qui revenait chez lui avec un fagot de bois et qui, nous voyant, lâcha tout et fonça vers les maisons en s’époumonant :
— « Le loup ! Le loup ! »
À la première maison, un homme qui coupait des bûches avec sa hache posa celle-ci et donna une taloche à l’enfant.
— « Arrête de plaisanter comme ça, Flouchon, et va ramasser ton bois ! »
Il nous salua de la tête et essuya la sueur de son front en disant :
— « Excusez mon benêt de fils. Vous êtes des voyageurs ? » Certainement, nos habits ne nous donnaient pas des airs de chasseurs ni de mendiants. « Mais vous ne venez pourtant pas par la route. Vous savez, il y a une route impériale un peu plus au sud. »
— « Nous voyageons à travers champs », répondit Irami.
J’esquissai un sourire. Ne reprenait-il pas là les paroles que j’avais chantées à l’instant ?
Je humai l’air. Cela sentait fort la résine ainsi que la soupe d’oignons, dont je ne raffolais pas particulièrement. Je captai également des résidus de ki pourpre dans un arbuste que je frôlai. Voilà qui était étrange. Touchant une des fleurs de l’arbuste, je suivis le flux du ki dans ses racines. Quelque part, non loin, il y avait une concentration inhabituelle de ki, c’est-à-dire, un nœud d’énergie. Et qui plus est, du ki pourpre. Après tant avoir étudié avec mon grand-père maternel les arts vaudou, j’avais appris à détecter les liens et les nœuds de ki avec une maîtrise qui m’avait valu les compliments de mes professeurs à l’Académie. Je ne pouvais cependant pas deviner à quoi était due cette concentration à moins que j’y jette un coup d’œil. Mais était-ce seulement une bonne idée ? Bon. La possibilité que cela ait une quelconque relation avec l’Œil Renversé était maigre…
Alors qu’Irami et moi reprenions notre chemin entre les maisons du village, je lui dis :
— « Irami. Je sens quelque chose d’étrange à gauche. »
Irami me jeta un coup d’œil puis demanda :
— « Moi ? »
Il marchait à ma gauche. Je ne pus m’empêcher d’éclater de rire. Parfois, j’avais du mal à savoir si Irami plaisantait ou pas.
— « Non. Je parle d’un nœud. »
Il comprit. Le mot n’était pourtant utilisé que parmi les pratiquants de vaudou — les maîtres du ki, à l’Académie Céleste, l’auraient appelé un étranglement énergétique ou sceau naturel, ce qui était juste aussi —, mais Irami était depuis longtemps familiarisé avec mon vocabulaire et savait qu’à ma manière de voir les choses, dans l’univers, tout être vivant, tout objet, toute énergie… était liée à son environnement par des liens émotionnels qui naissaient, cassaient, se reformaient, se tendaient et, parfois, se garrottaient en nœud.
Quoique souvent taxés d’arts rustiques et rudimentaires, les arts vaudou permettaient à un chamane de voir des choses qu’une analyse énergétique classique ne pouvait pas révéler. Sans toutefois comprendre toutes les profondeurs de mes arts, Irami ne doutait plus de leur efficacité, qu’il avait pu constater en plus d’une occasion. Hé, il m’avait même poussé à les utiliser pour sauver une vie, me rappelai-je. Cela remontait à deux ans : nous avions alors pour mission d’escorter nos juniors de troisième année dans la zone centrale des Montagnes d’Argile, à l’est de l’Académie, pour qu’ils s’entraînent ; et je n’avais pas pu m’empêcher de remarquer que l’un des étudiants, le fils adopté du Suprême de la Grande Secte du Mont-Céleste, appelé Yo-hoa, était toujours en proie à une étrange faiblesse ; j’avais d’abord hésité à intervenir, m’imaginant bien que sa malédiction n’était pas due au hasard. Cependant, Irami n’avait pas manqué de capter mon inquiétude et je lui avais finalement tout expliqué. Il m’avait tout de suite cru et avait récité un proverbe :
— « Si un sourire peut alléger les pleurs, ne pas sourire est sans doute une erreur. »
Son choix de mots m’avait fait bien rire. Je pouvais presque compter sur les doigts de mes mains les fois où je l’avais vu sourire toutes ces années ! Bon, Irami souriait par contre très souvent avec l’âme, mais, ça, peu de gens le savaient.
Finalement, nous avions résolu de mener nos chers juniors dans une grotte bien cachée, gorgée de ki doré, que Maître Zéligar, ce petit cachotier, n’avait, jusque-là, montrée qu’à Irami. Je m’étais dit que cet endroit spécial allait peut-être aider Yo-hoa à défaire naturellement le nœud qui obstruait son énergie vitale. Je m’étais trompé cruellement : alors que les autres jeunes étudiants, sagement assis, travaillaient à aspirer l’énergie environnante pour se l’approprier et la faire circuler dans leur corps, Yo-hoa était devenu tout rouge et était entré en déviation de ki. Je l’avais aussitôt sorti de la grotte, évanoui, et je n’avais eu d’autre option que d’utiliser mes arts vaudou sur mon junior pour lui sauver la vie. J’avais réussi, au passage, à débloquer son méridien. Personne ne m’avait soupçonné et, en un an, Yo-hoa avait repris toutes ses couleurs et avait fait d’immenses progrès dans sa maîtrise du ki. Quant au coupable, qui sait, il courait probablement toujours, mais ce n’était pas vraiment mon problème.
Irami s’arrêta et j’en fis autant, détournant les yeux du chemin boueux qui menait au centre du village. Ce que je vis finit de m’arracher à mes souvenirs.
Un peu plus loin, se dressait un arbre énorme en pleine floraison. Ses branches étaient chargées de belles petites fleurs en forme de pompon. Un mimosa. Sauf que ses fleurs n’étaient pas jaunes ni ses feuilles, vertes, mais pourpres. Je fus frappé d’étonnement : des arbres aussi chargés d’énergie pourpre, je n’en avais vu que dans certains havres de « ki-démon » dans les Montagnes Perdues. C’était peut-être dû à une veine pourpre souterraine ? Mais alors les plantes alentour auraient dû, elles aussi, être affectées. Or, elles, elles étaient bien vertes.
Je compris en tout cas pourquoi nous n’avions pas aperçu le mimosa pourpre depuis le haut de la colline : il était juste derrière un haut mur qui faisait office de fronton pour une bande de jeunes enfants qui jouaient là avec une pelote. Dès qu’ils nous virent, cependant, ils s’arrêtèrent et s’approchèrent avec curiosité.
— « Messieurs les voyageurs ! », dit le plus grand. « Vous ne pouvez pas toucher cet arbre. Il est dangereux. »
— « Ah bon ? » Le nœud de ki pourpre venait bien du mimosa.
— « Oui. Même les fleurs qui tombent, mieux vaut éviter. Vous venez d’où ? »
— « De la forêt. » Les mains dans le dos, je m’approchai de l’arbre, l’examinant sans le toucher. « Dis, gamin. Ce mimosa doit être centenaire, n’est-ce pas ? »
— « Chépôh. Il est vieux. »
— « Il était déjà là à l’époque de mon grand-père ! », intervint un autre enfant.
— « Et vous savez pourquoi il est dangereux ? », m’enquis-je.
— « Si tu le touches, tu te sens super triste. Tu pleures. Vraiment, avec le nez qui coule. Et ça pendant trois jours sans pause. Ça m’est arrivé quand ma petite sœur, qui est bête comme une alouette, a jeté la peluche de Yala avec un lance-pierre. Pendant trois jours, ça a été l’enfer ! »
Le souvenir lui arrachait cependant un grand sourire. Un arbre qui, en le touchant, t’envahissait de tristesse… La théorie d’un simple nœud de ki pourpre formé là par hasard ne collait pas. Cela devait être plus compliqué. Je souris à l’enfant.
— « Tu as été bien courageux d’aller récupérer la peluche, alors. »
— « Ben tiens, maintenant je sors la canne à pêche chaque fois qu’on laisse tomber une pelote trop près. Comme dit ma mère, le monde a plus besoin de renards rusés que de héros ! »
Ses paroles me firent l’effet d’un beau compliment et je ris.
— « Ta mère a bien raison ! Mais, dis-moi, pourquoi le village ne fait rien à propos de cet arbre ? »
— « Cet arbre est sacré », fit tout à coup une vieille femme que j’avais déjà repérée, assise sur un rebord de pierre à l’ombre du mimosa, avec sa canne et une boîte de biscuits. Son ton était plutôt sur l’offensive. Cet arbre avait donc une histoire.
Alors que les enfants repartaient jouer, la vieille femme ajouta :
— « Il y a plus de cinquante ans, les autorités de Shinbi ont essayé de le couper, mais savez-vous ? Tout le village s’y est opposé. Les fonctionnaires sont repartis en pleurs. Toutes leurs tentatives postérieures ont échoué. Depuis, certains nous surnomment le Village à l’Arbre-Démon. »
Elle nous perçait de ses yeux verts, attendant notre réaction. Irami demeura impassible. J’esquissai un sourire amusé en m’imaginant tout un groupe de fonctionnaires provinciaux en train de battre en retraite, secoués de sanglots.
— « Une scène remarquable », fis-je. « Rassure-toi : ni mon compagnon ni moi n’avons l’intention d’abattre un si bel arbre. Je suis maître vaudou, pas bûcheron. Nous allons humblement reprendre notre route. »
Nous nous éloignions déjà quand la vieille femme dit :
— « Attendez ! Attendez, s’il vous plaît. Vous avez dit “maître vaudou” ? »
Elle s’était levée avec sa canne et nous poursuivait plus énergiquement que je ne l’aurais cru possible. Je haussai un sourcil. Avais-je vu juste ? Si elle m’arrêtait, c’était qu’elle espérait que je pouvais faire quelque chose pour elle.
— « Oho ? Une cliente ? », murmurai-je à l’oreille d’Irami. Et je confirmai à voix haute : « C’est bien ça. Ma spécialité est de briser des malédictions. Puis-je faire quelque chose pour toi ? »
La vieille femme me regarda de haut en bas, l’air de vouloir deviner si j’étais un maître authentique ou un escroc. Puis elle soupira.
— « Suivez-moi. Ah, jeune homme », fit-elle à Irami, « est-ce que tu pourrais m’apporter ma boîte de biscuits que j’ai laissée sur le banc de pierre ? »
Mon ami alla aimablement la lui chercher tandis que je suivais à pas lents la vieille femme. Si elle ne nous menait pas vers le mimosa, peut-être s’agissait-il d’un tout autre problème ?
— « Merci », fit la vieille en prenant la boîte. Elle s’était arrêtée devant la porte d’une maison. « Entrez donc. »
J’enlevai mes sandales et Irami, ses bottes. L’intérieur était austère mais propre et bien tenu. Assise dans un fauteuil auprès du feu de la cheminée, le visage émacié, les yeux rouges et vitreux, se tenait une très vieille femme, encore plus vieille que notre cliente.
— « Depuis des années, ma mère se réveille en somnambule toutes les nuits pour aller toucher le mimosa », expliqua notre cliente ; c’était donc sa fille. Elle poursuivit : « Nous avons essayé de l’attacher pendant la nuit, mais sa santé ne faisait qu’empirer. Je suis convaincue qu’il s’agit là d’une sorte de malédiction, mais bien sûr les guérisseurs qui sont passés la voir ont tous dit que c’était dû à l’âge et qu’elle n’avait plus que quelques mois à vivre, et cela depuis des années, comme je vous le dis. Si vous êtes du même avis que ces guérisseurs, pas la peine de me le dire, vous pouvez tout simplement reprendre votre chemin. »
Sans un mot, je m’approchai et saluai la mère avec respect.
— « Mon nom est Zangsa. Si tu le permets, peux-tu me donner ta main ? »
Elle sourit.
— « Désolée. Je l’ai déjà donnée, avec mon cœur, à quelqu’un d’autre il y a bien longtemps. »
Je souris à mon tour. Elle plaisantait. Elle avait l’air d’avoir toute sa tête. Elle ajouta :
— « Mon nom est Xivia. Vous êtes guérisseur ? »
— « Je suis maître vaudou. »
— « Ah ? Comme c’est intéressant. Excusez Lyne, ma fille : elle s’inquiète tellement pour moi. Mais je peux vous assurer que je ne souffre d’aucune malédiction. Seulement, vous savez, l’âge ne pardonne pas », pouffa-t-elle faiblement en tendant sa main. « Voyez vous-même. »
Je pris sa main. Elle semblait si fragile. Je m’agenouillai auprès du fauteuil et me concentrai.
Grand-Père Naravoul m’avait appris les arts vaudou traditionnels. En tant qu’humain à part entière, il n’avait pas de ki pourpre et, pour les cas simples, il utilisait des techniques basées sur le ki doré, l’énergie que produisait la plupart des créatures dans les Plaines Centrales. Parfois, cependant, la tâche était plus ardue et le ki pourpre devenait une option bien plus efficace de par sa nature et sa compatibilité avec les arts chamaniques ; c’est pourquoi les vrais maîtres vaudou étaient souvent accompagnés par une bête chamanique qui leur procurait du ki pourpre. Mon grand-père n’en ayant pas, je l’avais aidé avec mon ki pour plus d’un travail avec de bons résultats, à tel point que j’avais fini par demander :
— « Grand-Père. Pourquoi tu ne me prends pas comme bête chamanique ? Comme ça, je pourrais me transformer sans me cacher ! »
Il m’avait répondu :
— « Je t’ai dit que les renards-démons ne sont pas autorisés par la Guilde Chamanique. Et puis, mon garçon, tu oublies une chose. Quelle bête-démon avec un peu de jugeote serait prête à suivre un humain partout pour lui servir de réserve d’énergie ? Même un chien-démon ne ferait pas ça volontiers. Pour obtenir une bête chamanique obéissante, un maître vaudou doit la lier de force avec une technique de reliage. Il ne lui demande pas son avis. Et, tu peux me croire, la bête souffre pendant le rituel. C’est moche à voir. Alors, ne me demande pas de te prendre comme bête chamanique. »
J’étais resté effaré face à son explication et je n’avais plus jamais rien demandé sur le sujet.
— « Ah », rit alors doucement la vieille dame assise dans le fauteuil. « Quelque chose en toi me rend nostalgique, jeune homme. Je me demande pourquoi. »
Je levai la tête vers elle. Ses yeux étaient aussi verts que ceux de sa fille. Je souris et lâchai doucement sa main.
— « Alors ? », demanda Lyne.
Sans prêter attention à sa question, j’en posai une autre à sa mère :
— « Une nostalgie de quelqu’un que tu aimais ? »
— « Les maîtres vaudou sont-ils aussi devins de nos jours ? », rit-elle.
Je commençais à avoir une idée plus précise de la situation.
— « Si je savais lire l’avenir, je ne serais pas si pauvre », plaisantai-je, la faisant rire. « Mais je peux lire certaines énergies. Et j’ai déjà brisé des sceaux vieux de plus de cinquante ans. Mais il serait très étonnant d’en trouver un comme ça dans ce village, n’est-ce pas ? »
Xivia inspira soudain plus profondément, puis ses yeux se perdirent dans ses souvenirs.
— « Un sceau de plus de cinquante ans », répéta-t-elle. « Et s’il en existait un qui en avait plus de soixante-dix ? Soixante-quinze ? Ne serait-ce pas encore plus étonnant ? »
— « Assurément, cela en ferait une histoire légendaire. »
— « Légendaire, oui. Légendaire… » Ses yeux brillèrent, humides. « Voulez-vous écouter une histoire ? Ah, c’est une vieille histoire. »
— « J’adore les histoires ! », assurai-je, m’asseyant, les jambes croisées, sur le sol tressé de paille. « Pas toi, Irami ? »
Celui-ci jeta un regard à Lyne, la fille, qui observait la scène avec une impatience mêlée de contrariété.
— « Zangsa n’a jamais escroqué les gens honnêtes », fit-il, comme pour la rassurer, et il alla s’asseoir près de l’entrée.
“Irami. Ta haute estime de moi me met la pression”, badinai-je par voie mentale — la Voix du Ki était une technique de transmission de son que j’avais apprise à l’Académie.
Irami ne me répondit pas. Avec un soupir, Lyne tendit sa boîte vers lui.
— « Un biscuit ? »
Il en prit un, ne sachant refuser. J’en pris un aussi. Xivia fit non de la tête et commença par demander :
— « Jeunes gens, croyez-vous aux fantômes ? »
La question m’arracha une grimace souriante.
— « Ça dépend de ce qu’est un fantôme pour toi, madame », répondis-je, et j’engloutis le biscuit. Je manquai m’étouffer tellement c’était piquant. Mon flair m’avait pourtant bien averti que ça allait être piquant, mais à ce point !
Xivia souriait, amusée.
— « Les biscuits de ma fille sont délicieux, tu ne trouves pas ? »
— « C’est dég-euh-déli… » Je m’étranglai.
— « Délicieux, en effet », affirma Irami. Il n’avait pas l’air de le dire de façon ironique, en plus, car il en accepta un deuxième. Je soufflai discrètement, la bouche en feu. Maudits humains et leur manie de tout épicer !
— « Enfin », soupira Xivia, caressant son foulard rouge d’une main distraite. « C’est une histoire qui ne se termine pas très gaiement, malheureusement. Mais commençons par le commencement. Cela fait des siècles que notre village entretient le Temple de la Forêt, comme nous l’appelons. On raconte qu’Amabiyah, déesse de la Bonne Fortune, y résidait et que, tant que l’on maintenait l’édifice propre et en bon état, on recevrait toujours sa bénédiction. Mais, voilà, le temps passant, de moins en moins de villageois venaient visiter les lieux. Un jour d’hiver, une petite fille prit le chemin du temple pour y accrocher une guirlande et demander l’arrivée du printemps… »