Accueil. Cycle de Shaedra, Tome 1: La Flamme d'Ato
— L’amulette de quoi ? —s’exclama Shaedra, ne sachant pas si elle devait se sentir enthousiasmée ou atterrée d’avoir porté pendant quatre ans un collier avec un nom si truculent.
— L’Amulette de la Mort —murmura Aléria, d’un filet de voix—. C’est l’une des Amulettes Maudites.
Elle semblait vraiment effrayée. Shaedra sentit tout son enthousiasme tomber à pic.
— Je me rappelle avoir lu dans un livre qu’en tout il y a vingt-cinq Amulettes Maudites connues jusqu’à ce jour —expliqua Aléria, comme dans un rêve—. Et neuf d’entre elles sont particulièrement puissantes.
Elle était sur le point d’ajouter quelque chose, mais elle se tut, comme si sa gorge s’était soudainement nouée. Shaedra échangea un regard avec Akyn et vit que, tout comme elle, il avait l’air perdu, et elle en fut quelque peu réconfortée.
— Et l’Amulette de la Mort est l’une des neuf ?
— Ouaip —répondit Dolgy Vranc—. L’Amulette de la Mort est l’une des plus puissantes amulettes. Et, d’après la légende, corrige-moi Aléria si je me trompe, mais, apparemment, d’après la légende, chaque Amulette Maudite… —il marqua une pause, comme pour insuffler plus de suspens à ce qu’il allait dire— jette une malédiction éternelle à celui qui la porte.
— Une… malédiction ? —répéta Shaedra, se sentant devenir de plus en plus livide—. Et quelle malédiction ?
Il y eut un silence. Aléria et Dolgy Vranc échangèrent un regard. Shaedra se représenta la scène de sa mort imminente. C’est ça, ne sois pas si hypocondriaque, se morigéna-t-elle.
— Cette Amulette n’aurait pas des effets semblables à ceux de l’Armure des Morts, par hasard ? —articula-t-elle, sentant son cœur battre de plus en plus vite.
— En plein dans le mille, ma belle —répliqua Dolgy Vranc—. Mais il y a une chose que je ne comprends pas.
Aléria hocha la tête et se tourna vers Shaedra.
— Oui, la légende semble ne pas être tout à fait logique. Parce que, d’après ce qu’elle raconte, celui qui passe l’amulette autour de son cou tombe raide mort, ou alors il se transforme en mort-vivant. C’est ça, la malédiction.
— D’après la légende —répéta Shaedra, la bouche sèche.
— Oui —bafouilla Aléria sur un ton aiguë—. D’après la légende, tu devrais être morte.
Mais je ne le suis pas, pensa Shaedra. Et, triomphante, elle sourit jusqu’aux oreilles.
— Ce qui signifie qu’heureusement les légendes ne sont pas toujours vraies —lança-t-elle.
Mais l’atmosphère était trop tendue pour qu’on sourie face à son optimisme. Même Akyn était pâle comme la mort. Aléria tremblait et le semi-orc fixait longuement l’amulette, fasciné, comme un fou captivé par la mort.
Shaedra grogna.
— Mais enfin ! Vous avez l’air plus affligés que moi, par Ruyalé ! —se plaignit-elle.
Elle se leva, attrapa le collier et le mit dans sa poche avant que le semi-orc n’ait pu l’en empêcher.
— Je dois y aller, sinon j’arriverai en retard —dit-elle.
Akyn et Aléria se levèrent d’un bond.
— Tu dois aller où ? —demanda Akyn, chamboulé par sa brusque activité. Il semblait se réveiller d’un long rêve empli d’aventures.
— Je vais voir Suminaria comme convenu, pour qu’elle m’apprenne des choses sur les énergies. Elle sera sûrement très contente de vous apprendre à vous deux aussi. Vous venez ?
— Et les promesses ? —intervint alors Aléria.
Shaedra s’arrêta net et se tourna vers Dolgy Vranc. Celui-ci s’était levé et il gardait ses instruments dans la boîte. À quoi diable lui avaient-ils servi ? Est-ce que tout n’avait été qu’une mascarade ? Puis elle plissa les yeux. Et si Dolgy Vranc leur mentait ? Et si ce n’était pas l’Amulette de la Mort ?
— Venez tous les trois demain, à six heures —dit Dolgy Vranc—. Je vous dirai en quoi est-ce que vous pouvez m’être utiles. Maintenant allez-vous-en et ne parlez de tout cela à personne, pour votre propre sécurité. Je sais ce que j’ai vu : ce collier possède une puissance monstrueuse et il pourrait tuer un dragon si celui-ci pouvait le passer autour du cou. Le fait que tu ne sois pas morte, Shaedra, susciterait encore plus de surprise que le fait de savoir que tu avais en ta possession l’Amulette de la Mort.
Son expression grave et intense l’impressionna. Shaedra serra les dents. Dolgy Vranc semblait sincère, mais elle ne pouvait s’y fier. Pourtant, s’il disait vrai, alors… cela lui répugnait de se poser la question, mais… pourquoi n’était-elle pas morte ?
— Je serai là demain —affirma-t-elle, décidée.
Elle sortit de la maison de Dolgy Vranc et soupira, soulagée, à la vue du soleil. Ils traversèrent l’avenue et fermèrent le portail derrière eux, sans un mot. Ils marchèrent un moment en silence, chacun plongé dans ses pensées. Le jour ne semblait plus être le même que celui où Shaedra avait remporté la course contre Suminaria. On aurait dit que des jours entiers s’étaient écoulés.
— Alors, comme ça, Suminaria t’a proposé de t’apprendre ce que l’on enseigne à la Grande Pagode ? —demanda Akyn.
Shaedra fit une moue puis sourit.
— En réalité, c’est moi qui le lui ai proposé. Je crois qu’au fond c’est une fille sympa.
— Un peu bizarre.
— Un peu bizarre —concéda-t-elle—, mais je serai tolérante.
Aléria soupira.
— Bizarre, tu parles ! Je ne crois pas que, elle, elle ait dans sa poche un truc capable de tuer une personne.
— Je n’avais pas envisagé les choses sous cet angle —reconnut Shaedra—. Tu crois que je devrais le jeter à l’eau ?
— Non ! —s’écria Aléria, horrifiée—. Imagine que n’importe qui le trouve. Tu ne peux pas faire ça…
— D’accord, d’accord. Ce n’était qu’une idée. Je le garderai dans ma poche… —après un silence, un petit rire lui échappa—. Et moi qui pensais, quand j’étais enfant, que la feuille du houx était la feuille du bonheur !
Ils s’acheminèrent en silence vers la bibliothèque. Quand ils étaient sur le point d’entrer, Shaedra les arrêta d’un geste.
— Maintenant que j’y pense…
— Quoi ? —s’impatienta Aléria.
— Et si Murry se trompait ? Et si ce que Jaïxel recherche ce n’est pas une partie de son phylactère, mais l’Amulette de la Mort ? Cela expliquerait bien des choses.
Ses deux amis réfléchirent un instant, puis Akyn demanda enfin :
— Ça expliquerait quoi par exemple ?
Shaedra ouvrit la bouche puis la referma en fronçant les sourcils. Elle leur adressa un sourire de pitre.
— J’ai oublié ce que je voulais dire.
Ils marmonnèrent entre leurs dents, exaspérés, pendant qu’elle adoptait un air songeur.
— Euh, j’avoue, je ne sais pas trop pourquoi j’ai dit ça, mais, sur le moment, j’ai bien aimé. —Shaedra se racla la gorge face au regard foudroyant d’Aléria ; Akyn avait déjà éclaté d’un grand rire—. Vous n’avez vraiment jamais eu l’envie de parler comme les aventuriers ? Au fait, vous avez entendu que les nadres rouges s’approchent d’Ato ?
* * *
— Vous ne savez pas non plus réaliser une fusion de filaments ? —demanda Suminaria, éberluée.
Elle était perplexe. Shaedra et ses deux amis firent à nouveau non de la tête.
— Mais qu’est-ce que vous avez appris toutes ces années ? —fit Suminaria, sur un ton désespéré.
Akyn énuméra :
— De l’Histoire, de la littérature…
— Des mathématiques, de la biologie… —continua Shaedra.
— Et beaucoup de théorie sur les énergies —termina Aléria.
— Mais pour ce qui est de la pratique, pas grand-chose —ajouta Akyn.
Suminaria les observa sans un mot. Elle essaya de se mettre à leur place, mais ce n’était pas tâche facile. Comment pouvaient-ils savoir en quoi consistait une fusion de filaments et en même temps ne pas savoir en réaliser une ? Elle était bien consciente que le niveau à la Grande Pagode était beaucoup plus élevé et qu’on n’y acceptait pas n’importe qui, mais elle ignorait jusqu’à maintenant l’abîme qui existait entre les deux pagodes.
— Voyons voir, par où commencer ? —se demanda-t-elle à haute voix—. Vous savez ce qu’est la fusion de filaments.
— Oui —acquiesça Shaedra—. Nous l’avons appris ça fait longtemps, pourtant…
— Pourtant quoi ?
— Pourtant, moi, personnellement, je ne savais pas ce qu’étaient ces filaments avant ce matin.
Elle interrogea Akyn et Aléria du regard et ces derniers acquiescèrent. Eux aussi, ils avaient appris ce qu’était un filament le matin même. Ce n’était pas la première fois qu’ils entendaient parler de filaments, mais ils n’avaient jamais vraiment pris la peine d’examiner ce que c’était.
— Parfait —dit Suminaria d’une voix neutre et éteinte. Comment pouvaient-ils espérer devenir orilhs ? Le fait que la terniane soit beaucoup plus rapide en courant ne l’aidait en rien pour être une orilh. Aléria semblait avoir beaucoup de connaissances théoriques, mais elle ne savait pas mieux les appliquer que les autres, et Akyn, l’air perdu, ne semblait même pas avoir assimilé la théorie. Que faire ? Voulait-elle vraiment leur apprendre à s’améliorer ?
Elle pensa aux autres snoris et elle se souvint alors que ce qui l’avait intriguée chez Shaedra, c’était sa bonne humeur et son caractère sauvage. Elle était prête à parier qu’elle était la seule terniane de tout Ato. Et son désir d’apprendre lui remontait un peu le moral, qu’elle avait au plus bas ces derniers temps. Et, au moins, quand ils ne blaguaient pas, ils avaient des conversations intéressantes.
Ces réflexions en tête, elle serra les dents et ils commencèrent la leçon. Ils s’étaient installés dans une des petites salles de la bibliothèque, sans livres, parce que Suminaria n’avait pas besoin de livre pour apprendre à ses camarades des choses tellement basiques que même un néru d’Aefna savait faire.
Elle n’était pas sans savoir qu’ils devaient sans doute la juger arrogante, mais c’est qu’il était impossible de ne pas s’exaspérer d’une telle ignorance ! Cela n’était pas dû entièrement à leur incapacité, bien sûr, c’était aussi dû au fait que tous les meilleurs maîtres partaient pour Aefna ou Neiram. Qui voudrait s’enterrer à Ato, une petite ville isolée dans une vallée dangereuse qui voyait descendre toutes les bestioles et les monstres de l’Insaride ?
Oncle Garvel, pensa-t-elle alors, retenant un soupir, tandis qu’elle regardait ses nouveaux et premiers disciples fournir tous leurs efforts pour fusionner des filaments. Akyn, avec son sourire, semblait complètement envahi par l’euphorie de son jaïpu et, s’il ne se libérait pas de son emprise, il resterait sans rien faire jusqu’à ce que quelqu’un se décide à lui donner une bonne baffe. Shaedra, l’expression concentrée, avait tout l’air de parlementer avec son jaïpu. Par contre, Suminaria eut l’impression qu’Aléria révisait mentalement les souvenirs de quelque livre qu’elle avait lu pour essayer de contrôler son jaïpu et de fusionner les filaments à l’aide d’une arme qu’elle tentait de contrôler, ce qui revenait à dire qu’elle était entrée dans un cercle vicieux totalement inefficace.
Cette fois, elle laissa échapper un long soupir. Ils n’allaient pas y parvenir. Du moins pas ce jour-là. Elle devait trouver quelque chose de plus facile. Elle chercha dans ses souvenirs. Qu’avait-elle appris dans ses premières leçons du jaïpu ?
* * *
Lorsque Shaedra ouvrit les yeux et vit le regard déçu de Suminaria, elle se racla la gorge, embarrassée.
Akyn et Aléria étaient encore immergés dans leur jaïpu.
— On est si mauvais que ça comme élèves ? —demanda-t-elle, honteuse.
La tiyanne adoucit son expression et secoua la tête, elle marqua une pause puis haussa des épaules.
— Franchement, je n’avais jusque-là rien enseigné à personne —avoua-t-elle—, alors je ne peux pas comparer.
— Nous sommes de mauvais élèves —soupira Shaedra, en confirmant. Elle lança un coup d’œil vers Akyn qui continuait à sourire et vers Aléria, qui semblait émerger d’un rêve très profond.
— J’ai une idée —fit soudain Suminaria—. Je crois que je sais déjà comment nous allons commencer. Puisque vous ne connaissez pas les bases, je devrai vous enseigner depuis le début, comme à des nérus.
Shaedra comprit qu’elle n’avait pas l’intention de se moquer d’eux, mais uniquement de les aider. Ce n’était donc pas la peine de se fâcher. Elle hocha la tête fermement, l’air enjouée.
— Je suis contente que tu n’aies pas encore perdu tout espoir.
— Elle le perdra bien un jour —prononça Aléria, en ouvrant ses yeux rouges—, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
Suminaria lança un regard vers Akyn.
— On donne une bonne baffe à votre ami. Je crains qu’autrement il ne se réveille pas de sitôt.
Aléria et Shaedra se tournèrent vivement vers Akyn. En effet, il avait l’air totalement égaré au plus profond de son jaïpu. Les commissures de ses lèvres se soulevaient d’une manière prononcée.
— Ne me dis pas qu’il s’est laissé entraîner encore une fois ? —lança Aléria.
Shaedra se mit à rire, mais Aléria semblait irritée et elle se leva pour s’approcher de l’elfe noir et lui tirer les oreilles, ce qui n’eut pas l’effet escompté car celui-ci sourit encore plus largement. Les éclats de rire de Shaedra redoublèrent.
— Tire plus fort ! —lui dit-elle, se tordant de rire.
— Aïe ! —se plaignit alors Akyn, revenant parmi eux—, traîtresses ! —s’écria-t-il.
Soudain, la porte s’ouvrit à la volée et le Grand Archiviste apparut dans l’encadrement de la porte. Ses yeux pâles lançaient des éclairs flamboyants.
— Silence ! —tonna-t-il.
Immédiatement, le silence se fit. Shaedra essaya d’adopter une mine studieuse et effaça progressivement son sourire le remplaçant par une moue sérieuse et responsable. Allait-il les punir ? Elle espérait que cela ne coïnciderait pas avec le rendez-vous de l’identificateur !
— Je suis vraiment désolée, monsieur —dit Aléria.
— Et moi donc —renchérit Akyn.
— Nous sommes tous affreusement désolés, vraiment tous —indiqua finalement Shaedra.
Aléria la foudroya de ses yeux menaçants puis parla au Grand Archiviste sur un ton très doux :
— Nous étions en train de travailler quand…
— Taisez-vous tous —ordonna celui-ci en l’interrompant—. Et sortez d’ici. Si j’entends un seul mot de plus, vous ne rentrerez pas chez moi sans contribuer aux coffres d’Ato, soyez-en sûrs.
Aléria allait répliquer, mais un regard de l’archiviste la pétrifia sur place. Chacun prit son sac à dos et ils sortirent de la bibliothèque dans un silence funèbre.
Shaedra fut contente de revoir le ciel au-dessus de sa tête.
— Au moins, il ne nous a pas punis —soupira-t-elle, soulagée.
Aléria avait sûrement accumulé toute la tension qu’elle avait absorbée, parce qu’à ce moment-là, elle explosa comme un nadre rouge :
— Il ne nous a pas punis ?! Vraiment ? Il nous a jetés hors de la bibliothèque ! Il nous aura à l’œil, dorénavant, Shaedra. La prochaine fois que nous y entrerons, c’est-à-dire demain, il nous considèrera comme des ennemis ! Oh ! —se lamenta-t-elle, désespérée—. C’est lui qui m’a donné la permission d’emporter chez moi Énergies darsiques des créatures. Qu’est-ce que je fais maintenant, moi, hein ? Jamais il ne me laissera emporter d’autres livres.
Shaedra leva les yeux au ciel.
— Aléria, je ne crois pas que…
— Il ne me fera plus confiance ! —la coupa-t-elle. Elle semblait vraiment bouleversée. Elle était dans un de ces états bien à elle que seul le temps pouvait remédier. Shaedra soupira.
— Dis ce que tu veux, mais, moi, je crois qu’il ne faut pas en faire tout un plat, ça n’a pas été si terrible que ça.
— Ça, c’est toi qui le dis, Shaedra ! —protesta Akyn—. J’ai les oreilles en feu.
— C’est Aléria qui te les a tirées —dénonça Shaedra.
— Toi, tu riais —lui reprocha-t-il.
— Et toi, tu as crié comme si on était en train de te jeter un seau d’eau glacée à la figure… —Elle prit une mine songeuse—. Quoique, ça n’aurait pas été une si mauvaise idée…
Akyn lui donna une bourrade et Shaedra riposta, tiraillant ses cheveux. La lutte avait commencé. Akyn essaya de lui prendre le bras, mais Shaedra fut plus rapide et elle bondit, arrivant jusqu’au parc après une série de pirouettes. Akyn parvint enfin à la faire tomber par terre et tous deux rirent, allongés sur l’herbe, pendant qu’Aléria ronchonnait, absorbée dans ses pensées, et que Suminaria les observait avec curiosité, comme si elle regardait deux oisillons exotiques.
Shaedra sentit tout à coup son jaïpu jaillir de partout et elle ferma les yeux. Au bout d’un moment, elle les rouvrit, surexcitée.
— Suminaria ! J’y suis arrivée. Je suis arrivée à fusionner deux filaments !
Suminaria roula les yeux.
— C’est très bien. Nous laisserons cette leçon pour un autre jour. Qu’en penses-tu si tu remplis ta part du marché et nous allons faire un tour à Ato ?
Shaedra se leva d’un bond, laissant Akyn se redresser plus lentement.
— Excellente idée ! Je vais te montrer l’autel, à moins que tu ne l’aies déjà vu. Et puis on ira à Roche-Grande… non, attends, je dois aussi te montrer les Trois Pierres, c’est l’endroit le plus beau de tout Ato, à moins que tu préfères voir la maison de l’orilh Lahries, c’est la maison la plus jolie de toute la ville…
Suminaria souriait, amusée.