Accueil. Cycle de Dashvara, Tome 2: Le Seigneur des Esclaves
Quand les cavaliers disparurent hors de leur vue, Dashvara se tourna vers la baraque. La plupart des Xalyas étaient rentrés pour s’occuper des malades, mais Makarva et Zamoy s’étaient assis sur l’estrade et causaient avec animation. Dashvara devina à leurs expressions qu’ils faisaient des élucubrations sur les possibles agissements des Frères de la Perle. Tant que ceux-ci s’avéraient un peu plus efficaces qu’ils l’avaient été à Dazbon…
Un ébrouement interrogatif le sortit de ses pensées et il se rappela qu’il tenait le cheval par la bride. Il lui donna de petites tapes sur l’encolure et sourit en voyant que l’animal répondait d’un air amical. Cela faisait longtemps qu’il était arrivé à la conclusion, à la Frontière, qu’en pourcentage, les chevaux étaient bien plus amiables que les saïjits. Du moins parmi les Condamnés.
— Tu sais comment je vais t’appeler ? —lui murmura-t-il, en lui caressant le front—. Je t’appellerai Tardif. Parce que tu as mis un an à arriver et, maintenant, nous allons nous séparer sans presque nous connaître. C’est bien dommage.
Le cheval s’ébroua de nouveau. Ses yeux noirs le contemplaient avec une discrète curiosité.
— Allez, Tardif.
Il tira sur les rênes et le mena à la remise. Après une hésitation, il alla chercher la selle. Il était un homme de la steppe et cela faisait plus d’un an qu’il ne chevauchait pas. C’était impensable ! Il sourit.
— Il faut remédier à cela, Tardif, tu ne crois pas ?
Il eut du mal à trouver la selle : elle était restée coincée sous la réserve de bois. Finalement, il la sortit de là et il ôta au cheval une corde qu’il portait avec deux sacs accrochés aux extrémités. Il marqua un temps d’arrêt. Deux sacs ?, se répéta-t-il. Il s’y intéressa. C’était… de la nourriture, peut-être ? Avec curiosité, il en ouvrit un qui semblait presque vide et il resta en suspens. Là, à l’intérieur, il y avait… oui. La fière figurine en bois que lui avait offerte le vieux Bashak. Il la prit dans la paume de sa main, souriant, se souvenant du visage ridé et serein du sage shalussi. Ah, sacré passé, pensa-t-il, enjoué. Alors, il plissa le front. Là, sur le dessous, il y avait une sorte de bouchon qui n’y était pas avant. Il tira dessus, de plus en plus intrigué, il secoua la sculpture et une feuille enroulée se détacha.
— Oiseau Éternel —murmura-t-il.
Les mains tremblantes, il déplia le parchemin, convaincu que, s’il y avait quelque chose d’écrit, la malchance devait l’avoir effacé… Mais non. Il y avait là deux phrases bien claires qui disaient en oy’vat : « Frère, si tu es encore en vie, laisse-moi te répéter quelque chose que tu m’as dit un jour : peu importe combien souffle le vent, ne te rends pas. »
Dashvara cligna des yeux. L’écriture était claire, élégante. C’était l’écriture de Fayrah, sans erreur possible. Il l’aurait reconnue entre mille. Cela signifiait donc que sa sœur allait réellement bien…
Mmpf. Pensais-tu donc que le Duc allait te mentir ?
Elle avait utilisé de l’encre de fleur de loutre pour écrire. Comme celle qu’utilisait Maloven au donjon. Il enroula de nouveau le message et, haussant les épaules, il le donna au cheval et celui-ci le mangea. Aussitôt, Tardif eut des yeux surpris en s’apercevant que cela n’avait pas le goût de l’herbe. Dashvara pouffa.
— Les paroles alimentent l’esprit, Tardif.
Il prit l’autre sac. Celui-ci était plus rebondi, mais il pesait curieusement moins.
“Ne t’affole pas”, l’avertit soudain une voix mal assurée.
Dashvara expira d’un coup et ouvrit le sac avec brusquerie. L’obscurité noyait l’intérieur. Il ne pouvait pas le croire…
— Tahisran ?
L’ombre sortit la tête.
“En personne”, confirma-t-il joyeusement. “Tu ne sais pas tout ce qui m’est arrivé. Je serais sûrement venu plus tôt si je n’étais pas resté vingt-mille ans enfermé dans une caisse.”
Dashvara le contemplait, stupéfait. Une seconde… Rowyn m’a apporté l’ombre ? L’avait-il fait volontairement ou était-ce Fayrah qui l’avait introduite là sans qu’il s’en aperçoive ? Peu importait : le cas est que l’ombre était là, devant lui, avec une moue d’excuse manifeste sur son ténébreux visage.
— Je ne m’affole pas —assura-t-il en soufflant. Tardif l’imita—. Dis-moi, Tahisran, Rowyn est au courant que tu… ? Je veux dire, c’est lui qui t’a envoyé ? Je veux dire… qu’est-ce que c’est que cette histoire de caisse ?
“Je vais t’expliquer”, soupira l’ombre en sortant du sac. “Quand tu as embarqué pour Titiaka, je ne suis pas arrivé à temps pour prendre le bateau, alors j’ai décidé de prendre le suivant.” Il marqua un temps d’arrêt et poursuivit : “Je vais te raconter comment ça s’est passé. Tu vois, j’ai pris le bateau suivant après avoir conseillé à Fayrah, à Lessi et à Aligra de ne pas se séparer de ce Shalussi… ce Rokuish. Parce que c’est un ami à toi, n’est-ce pas ?”
Dashvara acquiesça, dans l’expectative.
“Bien”, fit l’ombre se raclant la gorge mentalement. “Alors voilà, le bateau où je suis monté était un bateau commercial. Des pirates l’ont abordé, ils ont volé le navire et ils ont changé de route et mis le cap sur une île. Moi… j’étais très contrarié. Et je me suis montré devant le capitaine du bateau pour lui raconter mon histoire et lui demander qu’au moins, il me laisse sur la côte de Titiaka. Je l’ai presque fait mourir de frayeur.”
Dashvara réprima l’envie de se couvrir la bouche.
— Tahisran, je t’ai déjà dit que les saïjits ne sont pas habitués à voir des ombres.
“Je suis un saïjit”, répliqua patiemment Tahisran. “Et je suis parfaitement conscient de l’effet que je produis sur les gens. Tu n’as pas besoin de me le rappeler.” Il s’assit sur une bûche, jeta un coup d’œil intrigué au cheval et à l’ânesse et poursuivit : “Il se trouve que, dans cette île, ils n’ont pas peur des ombres. Tout le contraire, en fait. Ce peuple de pirates m’a pris pour un saint, une sorte d’esprit ancestral. J’ai réussi à m’échapper une fois et j’ai parcouru toute l’île à la recherche d’un bateau à voler. Je me suis dit que, si les pirates volaient des bateaux, je pouvais leur en voler un, non ? Mais… bon, je ne sais pas naviguer. Alors, finalement j’ai tenté de m’introduire en cachette dans un navire qui était déjà occupé. Ils m’ont découvert en pleine mer et m’ont enfermé dans une caisse métallique d’environ quatre empans de largeur. J’ai passé tout ce temps suspendu à un mât à répondre aux questions ridicules des pirates : est-ce qu’il va y avoir un orage, est-ce que telle femme m’aime vraiment, est-ce que je vais réellement aller aux enfers quand je vais mourir… Au début je ne répondais pas, mais ensuite je m’ennuyais tellement que j’attendais même avec impatience la prochaine stupidité qu’allaient me sortir ces marins. Si tu avais vu comment ils s’enthousiasmaient quand je répondais…”
Il joignit les mains sur ses genoux, en soupirant.
“Finalement, il n’y a pas longtemps, ils m’ont débarqué à Titiaka et, pour quelque raison, un certain Atasiag m’a libéré et m’a mené auprès de Fayrah. Tu vois. Tout ce périple pour rien.”
Dashvara secoua la tête, halluciné.
— Alors comme ça, tu me cherchais.
L’ombre sourit.
“Oui. Tu m’as dit de ne pas t’abandonner et je ne t’abandonne pas. Comment vas-tu ? Tu es plus maigre qu’avant. Tu devrais manger plus. Tu ne veux tout de même pas devenir une ombre comme moi, n’est-ce pas ?”
Dashvara inspira et expira plusieurs fois avant de lâcher :
— Dis-moi, Tahisran, puisque tu es là, tu vas me raconter tout ce que tu sais, n’est-ce pas ? Tu n’es pas exaspérant comme les républicains, hein ?
Tahisran inclina la tête de côté.
“Je te rappelle que je viens de la République du Feu. Moi aussi, je suis né républicain.”
Dashvara le regarda avec insistance.
“D’accord”, soupira l’ombre. “Je te dirai tout ce que je sais. Mais ce n’est pas grand-chose.”
Dashvara lui adressa un sourire reconnaissant et se leva avec énergie.
— Alors rentre de nouveau dans ton sac. Tardif, toi et moi, nous allons sortir faire une promenade.
“Magnifique, j’adore les promenades !”, s’enthousiasma l’ombre.
Quelques minutes plus tard, Dashvara sortit de la remise chevauchant Tardif. Encore installés sur l’estrade, Makarva et Zamoy relevèrent la tête.
— Dash ! —s’étonna Makarva—. Où vas-tu ?
— Prévenir ceux de Dignité qu’ils ont une brèche dans leur palissade —répondit Dashvara. Il n’avait pas l’intention de dissimuler la présence de l’ombre à ses frères, mais il n’avait pas encore demandé la permission à Tahisran. Il indiqua Tardif en complétant— : Et faire visiter la zone à notre nouveau compagnon. Tu peux me faire une faveur ? Tu peux m’apporter les sabres, au cas où ?
— Cela m’étonnerait que ceux de Dignité n’aient pas encore vu les dégâts —commenta Makarva, en se levant—. Je t’apporte tout de suite les sabres.
Il entra en courant dans la baraque et Zamoy lança :
— Tu vois que ça n’a pas été si horrible, cousin ? Ces gens ont l’air sympathiques pour des étrangers. Et Makarva et moi, nous sommes arrivés à la conclusion que, même s’ils ne parviennent pas à nous libérer, peut-être qu’ils nous conduiront à un endroit plus agréable d’où nous pourrons fuir plus facilement. L’Oiseau Éternel nous est favorable, Dash.
Dashvara souffla, amusé.
— L’Oiseau Éternel est favorable à qui le souhaite, cousin. Mais l’Oiseau Éternel n’a rien à voir avec la chance.
Makarva arriva avec les sabres et Dashvara les fixa dans son dos avec la courroie.
— Tu me fais envie avec le cheval —avoua son ami—. Sois prudent !
— Je le suis, d’habitude —répliqua Dashvara en éperonnant Tardif. Il s’éloigna de Compassion en écoutant avec un inégalable plaisir le bruit sourd des sabots contre la terre.
Après avoir chevauché un moment vers le sud, il se surprit à sourire. S’il se contentait de regarder vers l’ouest, il pouvait presque croire qu’il se trouvait dans la steppe. Presque. Il mit le cheval au pas tout en jetant un coup d’œil vers la jungle des marécages. Finalement, il rompit le silence :
— Tahisran ? Tu m’entends ?
“Je t’entends, Dash. Mais, la vérité, je préférerais être dehors. Je peux ?”
Dashvara ouvrit plus grand un œil puis secoua la tête.
— Tu me demandes la permission ? Si tu veux sortir, sors, ombre. Tu es libre de faire ce dont tu as envie.
L’ombre se démena un peu, sortit une main et ouvrit le sac. Quand il s’installa à califourchon derrière lui, Dashvara eut un rire discret.
“Qu’est-ce qu’il y a ?”, demanda Tahisran, intrigué.
— Rien —assura-t-il, sans cesser de sourire—. Ce n’est rien.
“Eh bien”, murmura l’ombre. “Cela faisait des années que je ne voyais pas les marécages d’Ariltuan.”
Dashvara arqua un sourcil, incrédule.
— Tu es déjà entré là-dedans ?
“Moi ? Hé. Non. Je les ai longés, mais je n’y suis jamais entré. Je tiens assez à ma vie.”
Dashvara sourit de nouveau.
“J’ai l’impression que tu te moques de moi”, soupira Tahisran. “Mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi. Cela te semble-t-il étrange qu’une ombre tienne à sa vie ?”
Dashvara fit non de la tête, le regard tourné en avant.
— Pas du tout —affirma-t-il avec sincérité—. En fin de compte, même si tu es une ombre, tu es toujours un saïjit. Et tu as toujours un Oiseau Éternel.
“Mm. Au fait, j’aimerais savoir ce que signifie exactement cet Oiseau Éternel pour toi”, déclara Tahisran.
Dashvara haussa les épaules.
— Je te l’expliquerai dès que, toi, tu m’auras expliqué que diables trament les Frères de la Perle. Mais avant dis-moi, où est Fayrah ?
“À Titiaka”, répondit immédiatement l’ombre.
Alors comme ça Rowyn l’avait vraiment emmenée en Diumcili…
— Titiaka, hein ? —Dashvara soupira—. Démons, qu’importe où elle se trouve du moment qu’elle va bien. Et pourquoi ils t’ont laissé te fourrer dans ce sac s’ils ne veulent pas que j’apprenne leurs intentions ?
“Tout simplement parce que je ne peux pas t’en raconter bien long”, avoua l’ombre. “Et aussi parce que j’ai insisté pour qu’ils me mènent jusqu’à toi”, ajouta-t-il en souriant. “Franchement, moi, j’ai eu l’impression qu’ils n’avaient pas mauvais cœur. À part Azune peut-être. Je l’ai entendu dire qu’elle, elle t’aurait laissé à la Frontière quelques années de plus. Mais je crois qu’elle blaguait. Enfin, je ne crois pas qu’ils trament quoi que ce soit contre toi et tes frères. Je crois même que l’objectif principal est celui de vous sortir de ce… lieu peu hospitalier. Fayrah a beaucoup insisté pour te sortir de là. Et, moi-même, j’ai tenté ce que j’ai pu, même si tu peux t’imaginer qu’ils ne m’écoutaient pas trop. Enfin, j’avoue que la première chose que j’ai faite, en arrivant à Titiaka, ça a été de me promener dans toute la ville et de profiter enfin de ma liberté.”
Dashvara attendit quelques secondes, puis il agita la tête, frustré.
— Et tu ne sais rien d’autre ? —Il inspira—. Qui est cet Atasiag qui t’a libéré de ta caisse ?
Il perçut l’hésitation de l’ombre.
“Un… homme.”
Dashvara roula les yeux.
— Oui. Et à part ça ?
“Eh bien… Je ne sais pas. Il avait l’air sympathique, mais j’ai à peine parlé avec lui. Je crois qu’il a aussi quelque chose à voir dans ce plan contre l’esclavagiste. Désolé de ne pas pouvoir t’aider davantage.” Dashvara sentit la main de Tahisran lui donner de petites tapes sur l’épaule tandis qu’il ajoutait plus enthousiaste : “Maintenant que nous sommes ensemble, nous allons pouvoir arranger les choses, tu vas voir.”
Dashvara sourit.
— Je te crois. Après tout, tu es un saint, n’est-ce pas ?
Tahisran lui répondit par un simple souffle et Dashvara compléta : Un saint sympathique, en plus.
Il tira sur les rênes pour que Tardif cesse de manger de l’herbe et il remit le cheval au trot. Sursautant, l’ombre s’accrocha à son ceinturon blanc de Condamné ; en silence, parce que tout ce que faisait une ombre, elle le faisait en silence, devina Dashvara.
— Tahisran ?
“Oui ?”
— Comment c’était d’être prisonnier dans cette caisse ?
Il y eut un silence et Dashvara craignit d’avoir réveillé de mauvais souvenirs. Alors l’ombre répondit :
“D’une certaine façon, mieux que dans les catacombes. Au moins, j’étais entouré de vivants. Quoique, pour être franc avec toi…” Il hésita. “Je dois admettre que parfois les morts sont plus supportables que les vivants. Au moins, les morts ne s’entretuent pas.”
Dashvara grimaça et jeta un regard vers les marécages et la palissade. Ils n’étaient plus très loin de la limite entre Compassion et Dignité. Il s’aperçut qu’à l’endroit de la brèche, plusieurs silhouettes de Condamnés s’affairaient pour réparer les dégâts. Fainéants, mais pas tant que ça quand il s’agit de survivre, sourit-il. Dashvara se tourna vers l’ombre et put la voir se glisser prudemment dans le sac. Il tira sur les rênes.
— Tahisran —répéta-t-il alors.
“Oui, Dash ?”
— Je peux savoir pourquoi tu me suis ?
Il perçut un petit rire amusé.
“Cela te semble si bizarre que quelqu’un veuille te suivre ?”
Dashvara secoua la tête.
— Un enfant te suit pour ne pas se perdre. Un loup, pour te manger. Et un ami te suit pour t’aider. Non —admit-il—. Cela ne me semble pas si étrange. Mais je me demande qui tu es, l’ami, l’enfant ou le loup.
Il y eut un silence.
“Tu plaisantes ?”
Dashvara sourit largement, amusé.
— À peine.
Il venait de voir un des Condamnés s’écarter pour se diriger vers lui et il éperonna sa monture pour s’approcher.
— Salut, Compassif ! —lança celui de Dignité. Dashvara connaissait son nom. C’était le chef de Dignité, un certain Towder, grand, robuste et résistant : il était à la Frontière, changeant de tours depuis quinze ans. Un des rares qui duraient autant.
— Salut —répondit Dashvara, arrêtant Tardif—. Justement, je me dirigeais vers votre tour pour vous avertir qu’un borwerg était passé par ici cette nuit. Je suppose que vous avez dû voir les corps. Nous n’avons pas encore, euh, pris le temps de les retirer, mais nous le ferons. Tout va bien à Dignité ?
Towder avait le visage dévasté par une énorme cicatrice qui figeait celui-ci en une constante grimace de dégoût. Cependant, il ne fallait pas se fier aux apparences : Dashvara savait que c’était un des Condamnés de Dignité les plus traitables.
— Skrat —jura Towder—. Eh bien, pas spécialement. Nous avons la moitié du peloton qui vide ses tripes.
Dashvara écarquilla les yeux, alarmé.
— Vraiment ? Chez nous aussi.
— Quoi ? —marmonna Towder—. Vous aussi ? —Tous deux échangèrent un regard froncé. Si ceux de la Dignité avaient souffert la même chose, cela signifiait que ceux de Sympathie n’étaient pas coupables. Alors, très probablement, le problème devait venir des marécages—. Skrat —cracha Towder—. C’est bizarre.
— Je suis d’accord. Dis-moi, Towder, est-ce que tu as déjà entendu parler d’une créature qui rejette des toxines vertes qui rendent malades ?
Le Condamné tordit encore davantage la bouche si faire se peut. Il postillonna quand il parla :
— Non, pas des créatures. Mais il existe des plantes à Ariltuan qui pourraient être utilisées.
— Par les orcs ?
— Mm. Ça se pourrait. Eh ! —fit-il soudain, interpellant ses compagnons—. Il paraît qu’il est arrivé la même chose aux Compassifs qu’à la patrouille de Skif ! —Il se retourna vers Dashvara—. Je ne crois pas que ce soit mortel. Mais si ce sont des orcs… on a intérêt à être sur nos gardes.
Dashvara approuva.
— On le sera. Au fait, apparemment, les Xalyas, nous allons devoir quitter Compassion dans une semaine.
Towder ne s’altéra même pas.
— Ils vous envoient à Patience ?
Dashvara haussa les épaules.
— Aucune idée.
Towder découvrit ses dents.
— Alors j’espère que le peloton qui va vous remplacer sera aussi supportable que vous autres.
Dashvara lui rendit son sourire.
— Je l’espère pour vous.
Il leva une main en guise de salut et tira les rênes pour faire volter son cheval. La nouvelle était plutôt préoccupante, se dit-il.
Est-ce que les orcs prétendent maintenant nous tuer en nous empoisonnant ? Bah… Un tel plan peut-il loger dans la tête d’un orc des marais ? Il haussa les épaules. Ça se pourrait, pourquoi pas ? Mais ce n’est pas leur style…
Il avait à peine parcouru la moitié du chemin de retour quand il entendit une rafale de sonneries d’alarme.
Une seconde, Dashvara se sentit mourir. Le son venait de Compassion. Alors, son cœur se mit à battre comme un tambour de guerre. Il éperonna le cheval et celui-ci partit ventre à terre vers le nord.
Cette fois, tu as intérêt à ne pas arriver en retard, Tardif…