Avec un petit mois de retard, je vous souhaite bonne année à tous, que toutes ses journées vous inspirent de belles idées !
2021 a été une année emplie de nouveautés qui m’a ouvert encore plus l’esprit sur la réalité de notre monde et a éveillé en moi de nouvelles interrogations sur la psychologie humaine. Celle-ci étant d’ailleurs un point crucial de l’écriture de fiction, je ne peux m’empêcher de toujours essayer de mieux la comprendre en tant qu’écrivain, pour bien construire mes personnages, et en tant qu’individu, parce que la nature est fascinante malgré ses défauts.
Du coup, alors que mon inspiration n’a pas grandement souffert, mon écriture a ralenti un peu depuis juillet, tellement mon attention a été captivée par ce qui deviendra peut-être dans les livres d’histoire un des plus sombres chapitres de l’humanité de ces derniers siècles.
Peut-être parce que je passe mon temps à faire des aller-retours entre la fantasy et le monde réel, j’ai assez l’habitude de prendre garde à ne pas confondre les deux ; or, là, un monde d’illusions s’est emparé de la Terre.
Dans la littérature, dans les films, on trouve souvent le concept de Bien Commun comme piège utilisé par les « Forces du Mal », le « Côté Obscur ». À chaque fois, ce Bien Commun n’est en fait qu’une bulle confortable de bonnes actions illusoires, un mot, un idéal pour accepter de sacrifier ses libertés fondamentales ou celles des autres, sacrifier ses principes, sacrifier son individualité la plus sacrée. L’incertitude devient certitude, le doute qui insuffle la Raison disparaît, l’anxiété gonfle, souvent refoulée, tandis que naît rapidement un besoin pulsionnel de trouver un ennemi, quel qu’il soit, pour continuer coûte que coûte à servir la Cause, quelle qu’elle soit elle aussi. Ce n’est qu’à travers un grand choc, généralement, que le personnage ainsi déshumanisé se rend compte de sa mort en vie et des fautes qu’il a commises — typiquement ces paroles dans son dernier râle qui s’entendent plus rarement dans la réalité.
Le Bien, le Mal, que de concepts manichéens. Pourtant, c’est bien des réalités, et la problématique de bien les distinguer date des temps les plus anciens et continue aujourd’hui à être décortiquée. Dans le monde réel, le tri ne se fait pas de manière aussi ostensible que dans Le Seigneur des Anneaux ; il n’y a pas de royaumes bons ou mauvais, les symboles, faibles face à la manipulation, sont souvent source de confusion, et finalement on voit nombre de Saurons tout habillés de blanc, l’air raisonnable, prônant la paix tout en déclarant la guerre. Cette difficulté à trier est d’ailleurs ce qui facilite les dérives, l’acceptation du Mal, et sa banalisation pour un Bien Commun toujours illusoire et destructif. Quand un individu abandonne à quiconque sa capacité à déterminer le Bien et le Mal, il a perdu son désir d’être et son originalité qui crée la diversité dans le monde. Il s’est auto-détruit.
Mais, si cela nous détruit, pourquoi donc renoncer à nos libertés fondamentales, à nos valeurs ? Pourquoi les céder à quiconque autre que soi-même ? Qu’y gagne-t-on ? Des illusions, rien d’autre. On y perd par contre beaucoup. On y a toujours perdu, quelle que soit la « Cause ».
Cette dernière année m’a confirmé encore une chose : il est apparemment possible de vivre en pleine guerre et d’y participer sans le savoir. Il est même possible de vivre en guerre contre soi-même sans le savoir. L’Homme est un loup pour l’Homme, dit-on : le pire des loups est celui qui nous guette de l’intérieur. Il faut le savoir là pour s’en protéger et toujours le garder à l’œil. Une seule morsure peut vous mener bien loin.
Voilà mes réflexions pour ce début de février, un peu négatives sur certains aspects, mais aussi positives dans le sens où elles m’ont aidée à comprendre davantage le monde, ce qui aide aussi à se comprendre soi-même.
Tout ceci a affirmé encore davantage ma volonté de montrer, dans mes mondes de fantasy, un côté optimiste et « humain » empli d’amitié et de raison. Les mondes de Haréka et de Farskyer faisant partie du nôtre, cela lui fera toujours du bien 😊
À ce titre, un court one-shot modestement philosophique, La Grotte, vient de voir le jour, avec la nouvelle galerie d’images que j’ai mise en place il y a quelques jours. Je vous invite à y jeter un coup d’œil !
Voili, voilou.
Librement depuis mon clavier,
Kaoseto