Accueil. Les Pixies du Chaos, Tome 5: Le Cœur d'Irsa
Un homme mince d’une trentaine d’années et un enfant de dix ans cheminaient, loqueteux, dans une rue pavée. Le jour commençait à peine de poindre, mais on voyait déjà des saïjits sortir des auberges.
— « Maître. Tous ces gens vont participer au Festival, n’est-ce pas ? »
— « Exact. »
— « Jusqu’à maintenant, nous avons évité les villes saïjits. Tu as dit qu’elles n’étaient pas sûres. »
— « Elles ne le sont pas. Mais au point où on en est… aucun endroit n’est plus sûr qu’un autre. »
Il y eut un silence. Alors, le maître ajouta :
— « Ce n’est pas ta faute. »
— « Je sais… Dis, Maître. »
— « Oui, Rood ? »
— « Hier soir, quand nous avons croisé ces gens… tu les as regardés comme si tu les reconnaissais. »
Le maître s’arrêta un instant avant de reprendre la marche.
— « Quelles gens ? »
— « Tu sais bien, le type très grand… et la drow aux cheveux bleus. Il y avait aussi une kadaelfe aux cheveux roses. Tu les as regardés, maître. »
— « Oh ? »
— « Ne fais pas l’innocent, maître. Tu les connais, pas vrai ? »
Le maître fronça les sourcils.
— « Ça se peut. »
— « Pourquoi tu ne les as pas salués ? Est-ce que ce sont des ennemis ? Est-ce qu’ils ont à voir avec ceux qui nous poursuivent ? »
— « Non… Ce ne sont pas des ennemis. Tout le contraire, Rood. »
L’enfant tordit ses lèvres face à son maître têtu.
— « Mani. Si ce sont des amis, pourquoi nous ne leur demandons pas de l’aide ? »
— « Ah… »
Mani s’arrêta. Il sentait les liens bréjiques. Les sept. Dans cette même ville. L’un d’eux venait d’apparaître dans la zone du port. Tafaria ? Ils étaient donc tous réunis…
Face aux yeux perplexes de Rood, le maître arbora un doux sourire nostalgique.
— « Tu vois, Rood. Dans cette vie, certaines choses… sont impossibles. Et puis », il leva un regard méditatif vers les premiers rayons du soleil qui rosissaient le ciel et posa une main sur la tête de Rood, « qui a dit que nous avions besoin d’aide ? J’ai juré de te protéger avec ma vie. Même une horde de démons rapaces ne peuvent pas arrêter ton maître quand il prend les choses à cœur. »
Les yeux de Rood brillèrent d’admiration… et il murmura :
— « Une horde… Tu aimerais bien, maître… Aïe ! »
— « Aie davantage confiance en ton maître. »
— « J’ai confiance, Mani. La confiance, j’en ai plein les poches, à défaut de kétales. »
— « As-tu faim ? »
Le visage de l’enfant s’illumina d’espoir quand il vit son maître fouiller dans sa poche. Mani fit une moue, sortant un doigt par un trou.
— « Ma dernière pièce a-t-elle glissé ? », murmura-t-il. Il fronça les sourcils et haussa les épaules. « Bon, Rood. Comme je disais, dans cette vie, certaines choses sont impossibles. »
Rood laissa échapper un souffle bruyant.
— « Mani, mes poches pleines de confiance… ont des trous, elles aussi. »
Le maître sourit.
— « Ça, ça s’arrange avec du fil et une aiguille. »
— « Mani… »